Slasheur : Une façon atypique de travailler

Le terme slasheur n’est pas seulement une catégorie de film d’horreur.
Depuis les années 2000, c’est aussi devenu un type d’entrepreneur. Ce mot anglo-saxon est d’abord apparu aux Royaume-Uni puis aux Etats-Unis. Il désigne le fait d’exercer plusieurs métiers en même temps. “Slasheur” ou “Slasher” est donc un profil de personne cumulant plusieurs jobs.
Ce concept a été inventé par Marci Alboher. C’est d’ailleurs l’auteure du livre datant de 2007 : One Person/Multiple Careers : The Original Guide to the Slash Career”.Dans son livre, elle explique que « Slasheur », provenant du mot “Slash” en anglais, décrit la “barre oblique” (/) que l’on peut retrouver dans les CVs ou sur Linkedin pour séparer les jobs d’une personne sur son profil. Par exemple, en tant que slasheur une personne peut exercer le métier de Webmaster et en même temps rédacteur web.

D'où provient le terme de slasheur ?

Depuis la mise en avant de ce terme, le profil de slasheur a le vent en poupe. Alors que l’on s’attendait à consacrer au moins 40 heures par semaine à un seul métier, la crise économique ainsi que le COVID-19 à pousser certaines personnes à revoir leurs priorités. Certains exercent désormais plusieurs métiers dans la même journée afin de maximiser leurs revenus et de protéger leur famille.
De l’autre côté de l’Atlantique, Erin Albert est une précurseure de ce concept reconnue de la nouvelle génération de travailleurs. Elle a d’ailleurs récemment écrit un livre sur le sujet : « Plan C : salarié à plein temps et entrepreneur à mi-temps ». Erin Albert est aussi un modèle pour les slasheurs du monde entier. Cumulant plusieurs jobs, Erin est une pharmacienne, professeure, entrepreneuse, écrivaine et étudiante en droit. Sachant cela, les employeurs pourraient se poser la question sur l’expertise qu’elle a dans ses multiples métiers puisque devenir expert dans plusieurs domaines en même temps pourrait être compliqué.
Mais elle ne pense pas avoir moins de valeur sur le marché en cumulant plusieurs jobs. « On me pose souvent des questions sur le développement de carrière, en particulier pendant le COVID-19 », a-t-elle déclaré. « Je mets régulièrement mes étudiants au défi de réfléchir aux raisons pour lesquelles ils ne peuvent pas à la fois accepter une offre d’emploi quelconque et en même temps se lancer en freelance pour exercer l’emploi de leurs rêves”.

Les avantages de ce nouveau concept

Cette nouvelle approche pourrait convenir à toutes les personnes en quête de sens dans leur vie professionnelle et souhaitant démissionner de leurs entreprises. En effet, lorsque tous nos revenus proviennent d’un seul métier, il est difficile de démissionner sans réfléchir et on peut vite passer d’une vie confortable à la panique. Alors que si vous adoptez le concept de slasheur il n’y aura pas de contraintes car cela permet d’avoir de multiples sources de revenus donc si vous perdez votre emploi ce n’est pas grave : il y en a encore cinq autres.
La pluriactivité n’est pas le seul bon côté. D’une part, le slasheur n’a pas besoin de rechercher un nouveau poste en CDI ou CDD à temps plein et d’autre part en étant un couteau suisse, le slasheur acquiert de nouvelles compétences dans plusieurs activités qui se renforcent au fil du temps. Cela permet donc un épanouissement professionnel non négligeable.
Le slasheur renforce aussi ses compétences dans la gestion du temps et l’organisation puisqu’en exerçant différentes activités il doit avoir une excellente motivation personnelle et un sens de l’organisation aiguë.

Une aubaine pour la nouvelle génération

Les étudiants / entrepreneurs sont l’exemple typique de ce mouvement.
En France, les jeunes entrepreneurs veulent avoir différentes casquettes et multiplier les expériences.
Il est de plus en plus courant pour cette nouvelle génération souvent en freelance, d’étudier de 9h à 17h, puis de cumuler une deuxième activité de 17h à 21h. Cela est devenu un phénomène si courant et d’autant plus au Royaume-Uni, qu’en 2010, Emma Jones, fondatrice d’Enterprise Nation et de Bitsy, a publié Working Five to Nine : How to Start a Business in Your Spare Time. Elle explique que nous sous-estimons le nombre de slasheurs et que nous ne pouvons pas imaginer combien de jeunes sont étudiants et en même temps freelance.
Pour le profil type génération Y, ainsi que pour les digitales natives, le fait d’avoir trouvé une réponse à leur quête de sens notamment en multipliant les expériences et en évitant l’ennui dans un travail basique rendent le slashing particulièrement attirant. Le taux de burn-out a d’ailleurs grandement baissé chez les slasheurs.

Les inconvénients du slashing

Bien que le fait d’être slasheur comporte beaucoup d’avantages, certains recruteurs ont du mal à comprendre ce concept et les mentalités sont encore difficiles à changer.
D’après mon expérience dans le monde du travail, les recruteurs ne voient pas tous d’un bon œil les profils de slasheur cumulant plusieurs métiers.
Un recruteur a récemment déclaré à un jeune slasheur qu’il n’y avait aucun moyen qu’une personne de son âge puisse avoir une telle pluralité de compétences. Malheureusement, combiner la jeunesse avec une large base de compétences conduit de nombreux recruteurs à croire que ces compétences ne sont pas assez qualitatives.
De nombreuses grandes entreprises considèrent encore à tort ces compétences comme des « faiblesses » chez les jeunes générations, alors qu’elles pourraient chercher à les transformer en forces. Il n’est pas surprenant qu’un plus grand nombre de personnes de moins de 30 ans choisissent d’avoir des carrières aux multiples casquettes.

Conclusion

Dans un futur proche, les avantages d’être un slasheur continueront, dans la plupart des cas, à l’emporter sur les inconvénients, et à mesure que les jeunes générations grandissent, la philosophie du slasheur continuera sans aucun doute à se développer.